La pénurie de carburant constatée ce week-end a sorti de son silence le Ministre de l’eau et de l’énergie du Cameroun. La rareté des produits pétroliers dans les stations-service découle d’une augmentation vertigineuse des prix du baril et de l’arrêt des subventions de l’État. En effet, Il convient de noter que ces perturbations sont principalement dues à l’importance de la fourchette de subventions du prix à la pompe qui doit être mobilisée en temps réel pour sécuriser l’importation des produits pétroliers.
De ce fait, les difficultés que le FMI redoutait lors de sa dernière visite au Cameroun se montre aux yeux du jour et créent déjà des goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement qui approvisionne la population en produits pétroliers importés. Pour le seul mois de juin, cette subvention s’est élevée à 80 milliards de francs CFA, et pour tout le semestre, elle a atteint 317 milliards de francs CFA.
Face à la flambée des prix du pétrole ces derniers mois et à une réévaluation des subventions allouées à la gestion des prix des carburants dans les stations-service, le FMI a pris la peine d’appeler diplomatiquement les gouvernements à arrêter les politiques de soutien des prix du pétrole à la pompe. Par conséquent, la suppression de cette subvention a été annoncée sans équivoque et aujourd’hui, incapable de mobiliser des dizaines de milliards pour approvisionner les stations-service, le gouvernement se retrouve déraciné et doit faire face à la réalité.
Sur la base des prévisions actuelles des prix internationaux du pétrole, le coût élevé des subventions aux carburants ne sera pas viable à terme. Cependant, la suppression progressive des subventions aux carburants devrait s’accompagner d’un fort renforcement des mécanismes sociaux de transferts monétaires comme l’a souligné le FMI dans son rapport de fin d’année qui a été communiqué de presse.
Pour mémoire, les subventions aux prix des carburants qui passeront de 100 milliards de francs CFA en 2021 à 625,4 milliards de francs CFA en 2022 font plus de mal que de bien aux caisses nationales de stabilisations de prix des hydrocarbures et aux objectifs de développement. L’objectif de soutenir de telles subventions a été soulevé sous deux angles afin de bénéficier réellement aux pauvre et de ne pas paraitre en fait, comme une taxation excessive des riches.
- Le prix pour les industriels, le gouvernement, les militaires, les diplomates et autres riches;
- Le prix pour les classes inférieures.
Car, il y a quelques années, la Banque Mondiale concluait dans sa note économique sur le Cameroun que les subventions aux produits pétroliers seraient contre-productives, car elles ne profiteraient qu’aux riches. En effet, selon les institutions de Bretton Woods, une grande partie des revenus des ventes de pétrole du Cameroun provient de subventions. Selon une étude du Fonds monétaire International de 2018, 50 % des ménages représentant les segments les plus riches de la société bénéficient de 96 % des subventions aux carburants. Depuis sa création en 2008 jusqu’en 2019, l’État a dépensé 1 800 milliards de francs CFA pour soutenir la hausse des prix du pétrole. En 2013, cette sommes est proches de 3 000 milliards de FCFA.