La société Boissons, Vins et Spiritueux (BVS), lancée en 2017 à Douala par le Français Guillaume Sarra, ancien directeur général adjoint de la Société anonyme des boissons du Cameroun (SABC), vit ses dernières heures. « Les fêtes de fin d’année 2022 ont été l’occasion pour l’entreprise de commencer à vider ses stocks. Les machines sont également progressivement vendues à plusieurs sociétés », souffle une source proche du fournisseur de la gamme de vins français Castel, des jus de fruits du portugais Sumol Compal et des spiritueux de la gamme Pernod Ricard.
En effet, apprend-on, en plus de cet important déstockage des produits, BVS a initié depuis quelques mois des discussions avec plusieurs entreprises de la place, en vue de la vente de tous ses actifs. De sources autorisées, la SABC, le leader du marché brassicole, s’est d’ores et déjà positionnée pour le rachat du terrain abritant l’unité de conditionnement et les aires de stockage de BVS à Douala, la capitale économique du Cameroun. Le rachat dudit terrain, qui a d’abord appartenu à la SABC avant d’être cédé à BVS pour le lancement de ses activités, devrait être conclu au cours d’un conseil d’administration du mastodonte agro-industriel du Cameroun, prévu le 13 avril 2023.
Comme autre indicateur de cette fermeture prochaine de BVS, le tout puissant directeur général des deux filiales dédiées à la production et la distribution depuis fin 2019 (après avoir dirigé uniquement BVS distribution à partir du 1er octobre 2018), en la personne de l’Ivoirien Stéphane Soumahoro, a depuis le 20 février 2023 discrètement pris ses quartiers à la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), en qualité de secrétaire général. L’arrivée du désormais ex-DG de BVS production et de BVS distribution dans cette entreprise pétrolière, chargée de la gestion du pipeline Tchad-Cameroun, a été officialisée par une annonce au personnel signée le 27 février 2023 par le directeur général de Cotco, Roger Schaefer.
La vente des actifs de BVS devrait mettre un terme à une aventure entrepreneuriale débutée en 2017, grâce à un investissement de 12 milliards de FCFA soutenu par l’État du Cameroun, à travers la loi d’avril 2013 (révisée en 2017, NDLR) portant incitations à l’investissement privé. « Grâce à la loi fixant les incitations à l’investissement privé au Cameroun, nous avons choisi d’investir au Cameroun au lieu de l’Angola ou de la Côte d’Ivoire, ciblés au départ pour un investissement de 13 milliards de FCFA », avait confié Guillaume Sarra, magnifiant ainsi les avantages de cette loi, qui accorde des exonérations fiscalo-douanières allant de 5 à 10 ans aux opérateurs économiques.
Face à cette situation difficile, BVS Cameroun n’a toujours pas jusqu’ici envisagé des options telles que l’ouverture de capital à de nouveaux investisseurs ou la revente des parts détenues par les actionnaires existants. Cela pourrait permettre à l’entreprise de collecter des fonds supplémentaires pour financer ses activités et se remettre sur la voie de la rentabilité. Cependant, ces options ne sont pas sans risques, car elles peuvent diluer le contrôle de l’entreprise et mettre en péril sa vision stratégique. Il est donc crucial que les dirigeants de BVS Cameroun évaluent soigneusement les avantages et les inconvénients de cette option avant de prendre une décision finale.