« L’Etat du Cameroun est autorisé à effectuer une opération d’emprunt obligataire par appel public à l’épargne pour un montant de deux cents milliards (200 000 000 000) de francs CFA ». L’offre obligataire camerounaise sera l’emprunt la plus chère du marchés financiers de la CEMAC. La décision signée le 29 avril par l’ambassadeur Nagoum Yamassoum, Président de la Commission de Surveillance des Marchés Financiers de l’Afrique centrale (Cosumaf), a donné le feu vert à l’État du Cameroun pour lancer une campagne de promotion des titres et obligations auprès des investisseurs de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, République centrafricaine, Guinée équatoriale, Tchad). Les souscriptions seront disponibles que du 9 mai au 18 du mois auprès de 27 banques et sociétés de bourses agréées dans la CEMAC.
Etant donné qu’un consortium d’arrangeurs comprenant Afriland Bourse, BGFlBourse, Société Générale Capital Securities Central Africa et Usca avait souscrit 180,5 milliards de francs CFA avant même de lancer l’opération, le Trésor public camerounais ne devrait pas avoir beaucoup de mal à collecter le montant souhaité. Il ne reste mathématiquement donc que 19,5 milliards pour boucler l’opération. Le Cameroun n’exclut pas la possibilité d’élargir l’assiette en fonction des offres d’autres investisseurs, notamment du publics. « Je peux vous dire que les besoins de l’Etat sont importants. Par exemple, si notre offre totale est de 250 milliards, nous pouvons choisir de demander l’autorisation à la Cosumaf de retenir toutes les souscriptions. Dans ce cas, il faudra un collectif budgétaire pour revoir le plafond d’endettement de l’Etat via les titres publics», explique un Administrateur de la Direction Générale des Finances du Ministère des Finances.
Avant d’y arriver, la décision de la Cosumaf renseigne que le Cameroun émettra 20 millions d’obligations avec une maturité de sept ans et un différé d’amortissement de deux ans. Cela signifie que le remboursement du principal ne commencera qu’à partir de la 3ème année et que les intérêts seront payés annuellement à partir du premier anniversaire de propriété. Le taux d’intérêt ainsi été fixé à 6,25 %. Il s’agit de l’offre la plus élevée du Cameroun sur ce marché depuis 2010. En 2005, le rendement du pays n’a jamais dépassé 5,6 %. La question se pose, d’autant plus que le Cameroun bénéficie d’une signature solide. En 10 ans d’intervention sur les marchés financiers, le pays n’a jamais fait défaut. De même, elle a demandé et obtenu de la Commission Bancaire d’Afrique Centrale (Cobac) d’appliquer une pondération nulle sur ses émissions. Cela représente le moindre risque pour les banques car elles ne seraient plus astreintes à provisionner pour couvrir le risque de crédit.
Selon les intermédiaires de marché impliqués dans la structuration de l’opération, il y a au moins deux raisons à la hausse des taux d’intérêt.
La Problématique : Echéanciers de 7 ans & Concurrence sur le marché
Le premier est une maturité plus longue que les 5 premiers. La qualité de la signature camerounaise n’est pas un problème ici. Car le taux d’intérêt a été fixée après après sondage du marché, et c’est celui qui convient le mieux aux gros investisseurs. C’est plus problématique qu’avant, car ici nous avons un durée de 7 ans avec un délai de 2 ans.
Le second est la concurrence féroce sur le marché. Les investisseurs ont pu choisir parmi une gamme de produits financiers qui leur sont proposés depuis l’année dernière, ce qui marque encore le retour des émissions souveraines sur le marché boursier, notamment le Congo, le Gabon, la Bdeac et les prêts d’Alios Finances Cameroun offrant des rendements relativement attractifs.
Il faut donc repositionner le rendement élevé de l’emprunts obligataires camerounais car il risque de perdre leur attractivité. Les taux d’intérêt sur des prêts comparables (surtout celui de la Bdeac) montrent clairement que le marché ne considère pas les taux d’intérêt pratiqués en bourse depuis plus de 7 ans comme attractifs. Les titres de la Bdeac sont vendus en grande quantité en bourse mais ne sont guère échangé. Il est donc nécessaire d’augmenter les taux d’intérêt afin d’attirer le plus grand nombre d’investisseurs et de garantir ensuite leur liquidité sur le marché secondaire.